Que partager son âme est le plus grand des crimes.
Un cœur n’est à personne alors qu’il est à deux ;
Aussitôt qu’il les offre il dérobe ses vœux ;
Ce qu’il a de constance, à choisir trop timide,
Le rend vers l’une ou l’autre incessamment perfide ;
Et comme il n’est enfin ni rigueurs, ni mépris
Qui d’un pareil amour ne soient un digne prix,
Il ne peut mériter d’aucun œil qui le charme,
En servant, un regard ; en mourant, une larme.
Vous seriez bien sévère envers un tel amant.
Allons voir si la reine agirait autrement,
S’il en devrait attendre un plus léger supplice.
Cependant Dom Alvar le premier entre en lice ;
Et vous savez l’amour qu’il m’a toujours fait voir.
Je sais combien sur lui vous avez de pouvoir.
Quand vous le combattrez, pensez à ce que j’aime,
Et ménagez son sang comme le vôtre même.
Quoi ? M’ordonneriez-vous qu’ici j’en fisse un roi ?
Je vous dis seulement que vous pensiez à moi.
ACTE III
Scène 1