Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/470

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Nous lui devons beaucoup, et l’allions reconnaître,
L’honorer en soldat, et lui faire du bien ;
Mais après vos faveurs nous ne pouvons plus rien :
Qui pouvait pour Carlos ne peut rien pour un comte ;
Il n’est rien en nos mains qu’il en reçût sans honte ;
Et vous avez pris soin de le payer pour nous.

DONA ISABELLE

Il en est en vos mains, des présents assez doux,
Qui purgeraient vos noms de toute ingratitude,
Et mon âme pour lui de toute inquiétude ;
Il en est dont sans honte il serait possesseur :
En un mot, vous avez l’un et l’autre une sœur ;
Et je veux que le roi qu’il me plaira de faire
En recevant ma main, le fasse son beau-frère ;
Et que par cet hymen son destin affermi
Ne puisse en mon époux trouver son ennemi.
Ce n’est pas, après tout, que j’en craigne la haine ;
Je sais qu’en cet état je serai toujours reine,
Et qu’un tel roi jamais, quel que soit son projet,
Ne sera sous ce nom que mon premier sujet ;
Mais je ne me plais pas à contraindre personne,
Et moins que tous un cœur à qui le mien se donne.
Répondez donc tous deux : n’y consentez-vous pas ?

DOM MANRIQUE

Oui, madame, aux plus longs et plus cruels trépas,
Plutôt qu’à voir jamais de pareils hyménées
Ternir en un moment l’éclat de mille années.
Ne cherchez point par là cette union d’esprits :
Votre sceptre, madame, est trop cher à ce prix ;
Et jamais…

DONA ISABELLE

Ainsi donc vous me faites connaître