Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/219

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Œdipe.

Ce jour est donc pour moi le grand jour des malheurs,
Puisque vous apportez un comble à mes douleurs.
J’ai tué le feu roi jadis sans le connaître ;
Son fils, qu’on croyait mort, vient ici de renaître ;
Son peuple mutiné me voit avec horreur ;
Sa veuve mon épouse en est dans la fureur.
Le chagrin accablant qui me dévore l’âme
Me fait abandonner et peuple, et sceptre, et femme,
Pour remettre à Corinthe un esprit éperdu ;
Et par d’autres malheurs je m’y vois attendu !


Iphicrate.

Seigneur, il faut ici faire tête à l’orage ;
Il faut faire ici ferme et montrer du courage.
Le repos à Corinthe en effet serait doux ;
Mais il n’est plus de sceptre à Corinthe pour vous.


Œdipe.

Quoi ? L’on s’est emparé de celui de mon père ?


Iphicrate.

Seigneur, on n’a rien fait que ce qu’on a dû faire ;
Et votre amour en moi ne voit plus qu’un banni,
De son amour pour vous trop doucement puni.


Œdipe.

Quel énigme !


Iphicrate.

Apprenez avec quelle justice
Ce roi vous a dû rendre un si mauvais office :
Vous n’étiez point son fils.


Œdipe.

Dieux ! Qu’entends-je ?


Iphicrate.

À regret
Ses remords en mourant ont rompu le secret.