Donnez où vous pourrez ; ce vain respect m’outrage :
Du sang dont vous sortez prenez tout l’avantage.
Je vais voler moi-même au-devant de vos coups,
Et n’avois que Jason à craindre parmi vous.
Et toi, de qui la voix inspire l’âme aux arbres,
Enchaîne les lions, et déplace les marbres,
D’un pouvoir si divin fais un meilleur emploi :
N’en détruis point la force à l’essayer sur moi.
Mais je n’en parle ainsi que de peur que ses charmes
Ne prêtent un miracle à l’effort de leurs armes.
Ne m’en crois pas, Orphée, et prends l’occasion
De partager leur gloire ou leur confusion.
Hâtez-vous, enfants de Borée,
Demi-dieux, hâtez-vous,
Et faites voir qu’en tous lieux, contre tous,
À vos exploits la victoire assurée
Suit l’effort de vos moindres coups.
Vos demi-dieux, Orphée, ont peine à vous entendre :
Ils ont volé si haut qu’ils n’en peuvent descendre ;
De ce nuage épais sachez les dégager.
Et pratiquez mieux l’art de les encourager.
(Il chante ce second couplet, cependant que Zéthès et Calaïs fondent l’un après l’autre sur le dragon, et le combattent au milieu de l’air. Ils se relèvent aussitôt qu’ils ont tâché de lui donner une atteinte, et tournent face en même temps pour revenir à la charge. Médée est au milieu des deux, qui pare leurs coups, et fait tourner le dragon vers l’un et vers l’autre, suivant qu’ils se présentent.)
Combattez, race d’Orithye,
Demi-dieux, combattez.
Et faites voir que vos bras indomptés
Se font partout une heureuse sortie