Des périls les plus redoutés.
Fuyons, sans plus tarder, la vapeur infernale
Que ce dragon affreux de son gosier exhale :
La valeur ne peut rien contre un air empesté.
Fais comme nous, Orphée, et fuis de ton côté.
Allez, vaillants guerriers, envoyez-moi Pélée,
Mopse, Iphite, Échion, Eurydamas, Oilée[2],
Et tout ce reste enfin pour qui votre Jason
Avec tant de chaleur demandoit la toison.
Aucun d’eux ne paroît ! ces âmes intrépides
Règlent sur mes vaincus leurs démarches timides ;
Et malgré leur ardeur pour un exploit si beau,
Leur effroi les renferme au fond de leur vaisseau.
Ne laissons pas ainsi la victoire imparfaite :
Par le milieu des airs, courons à leur défaite ;
Et nous-mêmes portons à leur témérité
Jusque dans ce vaisseau ce qu’elle a mérité.
Que fais-tu ? la toison ainsi que toi s’envole !
Ah ! perfide, est-ce ainsi que tu me tiens parole,
Toi qui me permettois, même aux yeux de Jason,
Qu’on t’ôteroit le jour avant que la toison ?
Encor tout de nouveau je vous en fais promesse.
Et vais vous la garder au milieu de la Grèce.
- ↑ Var. Zéthès et Calaïs et Orphée s’enfuient. (1661)
- ↑ Pélée père d’Achille, Mopse le poëte, Iphite le Phocéen, Échion fils de Mercure, Eurydamas le Thessalien, Oilée père d’Ajax. Tous ces Argonautes sont dans Valérius Flaccus, à l’exception d’Eurydamas, mentionné par Apollonius et dans les Argonautiques qui portent le nom d’Orphée.