N’êtes-vous pas toujours le maître de ses places ?
Les siens dont vous craignez le vif ressentiment,
Ont-ils dans vos armées aucun commandement ?
Des plus nobles d’entre eux, et des plus grands courages
N’avez-vous pas les fils dans Osca[1] pour otages ?
Tous leurs chefs sont Romains, et leurs propres soldats
Dispersés dans nos rangs ont fait tant de combats,
Que la vieille amitié qui les attache aux nôtres
Leur fait aimer nos lois, et n’en vouloir point d’autres.
Pourquoi donc tant les craindre, et pourquoi refuser…?
Vous-même, Perpenna, pourquoi tant déguiser ?
Je vois ce qu’on m’a dit, vous aimez Viriate,
Et votre amour caché dans vos raisons éclate.
Mais les raisonnements sont ici superflus ;
Dites que vous l’aimez, et je ne l’aime plus.
Parlez : je vous dois tant, que ma reconnoissance
Ne peut être sans honte un moment en balance.
L’aveu que vous voulez à mon cœur est si doux,
Que j’ose…
C’est assez, je parlerai pour vous.
Ah, Seigneur, c’en est trop, et…
Tous mes vœux sont déjà du côté d’Aristie,
Et je l’épouserai, pourvu qu’en même jour
La Reine se résolve à payer votre amour.
- ↑ Ville de l’Espagne tarraconaise, aujourd’hui Husea, dans l’Aragon. Voyez Plutarque, Vie de Sertorius, chapitre xiv. Il paraît bien probable que Sertorius fut tuée à Orca, plutôt qu’à Nertobridge, où Corneille place la scène de sa pièce et du meurtre.