Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/387

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N’êtes-vous pas toujours le maître de ses Places ?
Les siens dont vous craignez le vif ressentiment
Ont-ils dans vos armées aucun commandement ?
Des plus nobles d’entre eux, et des plus grands courages
N’avez-vous pas les fils dans Osca pour otages ?
Tous leurs chefs sont Romains, et leurs propres soldats
Dispersés dans nos rangs ont fait tant de combats,
Que la vieille amitié qui les attache aux nôtres
Leur fait aimer nos lois, et n’en vouloir point d’autres.
Pourquoi donc tant les craindre, et pourquoi refuser…

Sertorius
Vous-même, Perpenna, pourquoi tant déguiser ?
Je vois ce qu’on m’a dit, vous aimez Viriate,
Et votre amour caché dans vos raisons éclate.
Mais les raisonnements sont ici superflus ;
Dites que vous l’aimez, et je ne l’aime plus.
Parlez, je vous dois tant, que ma reconnaissance
Ne peut être sans honte un moment en balance.

Perpenna
L’aveu que vous voulez à mon cœur est si doux,
Que j’ose…

Sertorius
—————C’est assez, je parlerai pour vous.

Perpenna
Ah, Seigneur, c’en est trop, et…

Sertorius
————————————————Point de repartie,
Tous mes vœux sont déjà du côté d’Aristie,
Et je l’épouserai, pourvu qu’en même jour
La Reine se résolve à payer votre amour.