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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/406

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SERTORIUS.

Il dispense des lois où j’ai voulu souscrire :
Je ne m’en repens point, il en a bien usé ;
Je rends grâces au ciel qui l’a favorisé.700
Mais pour vous dire enfin de quoi je suis jalouse,
Quel rang puis-je garder auprès de son épouse ?
Aristie y prétend, et l’offre qu’elle fait,
Ou que l’on fait pour elle, en assure l’effet.
Délivrez nos climats de cette vagabonde, 705
Qui vient par son exil troubler un autre monde ;
Et forcez-la sans bruit d’honorer d’autres lieux
De cet illustre objet qui me blesse les yeux.
Assez d’autres États lui prêteront asile.

Perpenna

Quoi que vous m’ordonniez, tout me sera facile ;710
Mais quand Sertorius ne l’épousera pas,
Un autre hymen vous met dans le même embarras,
Et qu’importe, après tout, d’une autre ou d’Aristie,
Si…

Viriate

Si…Rompons, Perpenna, rompons cette partie :
Donnons ordre au présent ; et quant à l’avenir, 715
Suivant l’occasion nous saurons y fournir.
Le temps est un grand maître, il règle bien des choses.
Enfin je suis jalouse, et vous en dis les causes.
Voulez-vous me servir ?

Perpenna

Voulez-vous me servir ?Si je le veux ? J’y cours,
Madame, et meurs déjà d’y consacrer mes jours.720
Mais pourrai-je espérer que ce faible service
Attirera sur moi quelque regard propice,
Que le cœur attendri fera suivre ?…

Viriate

Que le cœur attendri fera suivre ?…Arrêtez !
Vous porteriez trop loin des vœux précipités.