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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/418

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SERTORIUS

Et je vous rends, seigneur, mille grâces pour elle,
À vous, à ce grand cœur dont la compassion975
Daigne ici l’honorer de sa protection.

Sertorius

Protéger hautement les vertus malheureuses,
C’est le moindre devoir des âmes généreuses :
Aussi fais-je encore plus, je lui donne un époux.

Pompée

Un époux ! Dieux ! Qu’entends-je ? Et qui, Seigneur ?

Sertorius

Un époux ! Dieux ! Qu’entends-je ? Et qui, Seigneur ?Moi.

Pompée

Un époux ! Dieux ! Qu’entends-je ? Et qui, Seigneur ?Moi.Vous !980
Seigneur, toute son âme est à moi dès l’enfance :
N’imitez point Sylla par cette violence ;
Mes maux sont assez grands, sans y joindre celui
De voir tout ce que j’aime entre les bras d’autrui.

Sertorius

Tout est encore à vous[1]. Venez, venez, Madame, 985
Faire voir quel pouvoir j’usurpe sur vôtre âme,
Et montrer, s’il se peut, à tout le genre humain
La force qu’on vous fait pour me donner la main.

Pompée

C’est elle-même, ô ciel !

Sertorius

C’est elle-même, ô ciel !Je vous laisse avec elle,
Et sais que tout son cœur vous est encor fidèle.990
Reprenez votre bien, ou ne vous plaignez plus
Si j’ose m’enrichir, Seigneur, de vos refus.

  1. Voltaire coupe encore ici la scène, et de ce qui suit, à partir de : « Venez, venez, Madame, » jusqu’au vers 992, il fait la scène iii, ayant pour personnages : aristie, sertorius, pompée.