Ou souffrez qu’on me venge et de vous et de lui ;
Qu’un autre hymen me rende un titre qui l’égale ;
Qu’il me relève autant que Sylla me ravale :
Non que je puisse aimer aucun autre que vous ;
Mais pour venger ma gloire il me faut un époux :
Il m’en faut un illustre, et dont la renommée…[1]
Ah ! Ne vous lassez point d’aimer et d’être aimée.
Peut-être touchons-nous au moment désiré
Qui saura réunir ce qu’on a séparé.
Ayez plus de courage et moins d’impatience :
Souffrez que Sylla meure, ou quitte sa puissance…
J’attendrai de sa mort ou de son repentir
Qu’à me rendre l’honneur vous daigniez consentir ?
Et je verrai toujours votre cœur plein de glace,
Mon tyran impuni, ma rivale en ma place,
Jusqu’à ce qu’il renonce au pouvoir absolu,
Après l’avoir gardé tant qu’il l’aura voulu ?
Mais tant qu’il pourra tout, que pourrai-je, Madame ?
Suivre en tous lieux, Seigneur, l’exil de votre femme,
La ramener chez vous avec vos légions,
Et rendre un heureux calme à nos divisions.
Que ne pourrez-vous point en tête d’une armée,
Partout, hors de l’Espagne, à vaincre accoutumée ?
Et quand Sertorius sera joint avec vous,
Que pourra le tyran ? Qu’osera son courroux ?
Ce n’est pas s’affranchir qu’un moment le paroître,
Ni secouer le joug que de changer de maître.
- ↑ L’édition de 1682 porte, probablement par erreur : « et pour la renommée… »