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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/446

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SERTORIUS.

Scène II.

Aristie, Viriate, Arcas.
Aristie.

Madame, c’est Arcas, l’affranchi de mon frère ;1625
Sa venue en ces lieux cache quelque mystère.
Parle, Arcas, et dis-nous…

Arcas.

Parle, Arcas, et dis-nous…Ces lettres mieux que moi
Vous diront un succès qu’à peine encor je croi.

ARISTIE, lit

Chère sœur, pour ta joie il est temps que tu saches
Que nos maux et les tiens vont finir en effet.1630
Sylla marche en public sans faisceaux et sans haches,
Prêt à rendre raison de tout ce qu’il a fait.
Il s’est en plein sénat démis de sa puissance ;
Et si vers toi Pompée a le moindre penchant,
Le ciel vient de briser sa nouvelle alliance,1635
Et la triste Émilie est morte en accouchant.
Sylla même consent, pour calmer tant de haines,
Qu’un feu qui fut si beau rentre en sa dignité,
Et que l’hymen te rende à tes premières chaînes,
En même temps qu’à Rome il rend sa liberté.1640
quintus aristius.
Le ciel s’est donc lassé de m’être impitoyable !
Ce bonheur, comme à toi, me paraît incroyable.
Cours au camp de Pompée, et dis-lui, cher Arcas…

Arcas.

Il a cette nouvelle, et revient sur ses pas.
De la part de Sylla chargé de lui remettre1645
Sur ce grand changement une pareille lettre,
À deux milles d’ici j’ai su le rencontrer.