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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/447

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ACTE V, SCÈNE II.
Aristie.

Quel amour, quelle joie a-t-il daigné montrer ?
Que dit-il ? Que fait-il ?

Arcas.

Que dit-il ? Que fait-il ?Par votre expérience
Vous pouvez bien juger de son impatience ;1650
Mais rappelé vers vous par un transport d’amour
Qui ne lui permet pas d’achever son retour,
L’ordre que pour son camp ce grand effet demande
L’arrête à le donner, attendant qu’il s’y rende.
Il me suivra de près, et m’a fait avancer1655
Pour vous dire un miracle où vous n’osiez penser.

Aristie.

Vous avez lieu d’en prendre une allégresse égale.
Madame, vous voilà sans crainte et sans rivale.

Viriate.

Je n’en ai plus en vous, et je n’en puis douter ;
Mais il m’en reste une autre et plus à redouter :1660
Rome, que ce héros aime plus que lui-même,
Et qu’il préféreroit sans doute au diadème,
Si contre cet amour…


Scène II.

Viriate, Aristie, Thamire, Arcas.
Thamire.

Si contre cet amour…Ah ! Madame.

Viriate.

Si contre cet amour…Ah ! Madame.Qu’as-tu,
Thamire ? Et d’où te vient ce visage abattu ?
Que nous disent tes pleurs ?

Thamire.

Que nous disent tes pleurs ?Que vous êtes perdue,1665
Que cet illustre bras qui vous a défendue…