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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/454

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SERTORIUS.

Tous morts et tous sanglants ont encor des bourreaux.
On cherche avec chaleur le reste des complices,
Que lui-même il destine à de pareils supplices.1810
Je défendois mon poste : il l’a soudain forcé,
Et de sa propre main vous me voyez percé ;
Maître absolu de tout, il change ici la garde.
Pensez à vous, je meurs[1] ; la suite vous regarde.

Aristie.

Pour quelle heure, Seigneur, faut-il se préparer1815
À ce rare bonheur qu’il vient vous assurer ?
Avez-vous en vos mains un assez bon otage
Pour faire vos traités avec grand avantage ?

Perpenna.

C’est prendre en ma faveur un peu trop de souci,
Madame ; et j’ai de quoi le satisfaire ici.1820


Scène VI.

Pompée, Perpenna, Viriate, Aristie, Celsus, Arcas, Thamire.
Perpenna.

Seigneur, vous aurez su ce que je viens de faire.
Je vous ai de la paix immolé l’adversaire,
L’amant de votre femme, et ce rival fameux
Qui s’opposait partout au succès de vos vœux.
Je vous rends Aristie, et finis cette crainte1825
Dont votre âme tantôt se montrait trop atteinte ;
Et je vous affranchis de ce jaloux ennui
Qui ne pouvoit la voir entre les bras d’autrui.
Je fais plus : je vous livre une fière ennemie,

  1. Plutarque, tout à la fin de son chapitre, raconte que, de tous les complices de Perpenna, Aufidius fut le seul qui échappa. Il « vieillit en vue meschante bourgade de Barbares, pauvre, miserable, et hay de tout le monde. »