Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/455

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Avec tout son orgueil et sa Lusitanie ;
Je vous en ai fait maître, et de tous ces Romains
Que déjà leur bonheur a remis en vos mains.
Comme en un grand dessein, et qui veut promptitude,
On ne s’explique pas avec la multitude,
Je n’ai point cru, Seigneur, devoir apprendre à tous
Celui d’aller demain me rendre auprès de vous ;
Mais j’en porte sur moi d’assurés témoignages.
Ces lettres de ma foi vous seront de bons gages ;
Et vous reconnaîtrez, par leurs perfides traits,
Combien Rome pour vous a d’ennemis secrets,
Qui tous, pour Aristie enflammés de vengeance,
Avec Sertorius étaient d’intelligence.
Lisez…
(Il lui donne les lettres qu’Aristie avait apportées de Rome à Sertorius.)

Aristie
Quoi ? Scélérat ! Quoi ? Lâche ! Oses-tu bien…

Perpenna
Madame, il est ici votre maître et le mien ;
Il faut en sa présence un peu de modestie,
Et si je vous oblige à quelque repartie,
La faire sans aigreur, sans outrages mêlés,
Et ne point oublier devant qui vous parlez.
Vous voyez là, Seigneur, deux illustres rivales,
Que cette perte anime à des haines égales.
Jusques au dernier point elles m’ont outragé ;
Mais puisque je vous vois, je suis assez vengé.
Je vous regarde aussi comme un dieu tutélaire ;
Et ne puis… Mais, ô Dieux ! Seigneur, qu’allez-vous faire ?

Pompée, après avoir brûlé les lettres sans les lire.
Montrer d’un tel secret ce que je veux s