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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/455

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ACTE V, SCENE VI.

Avec tout son orgueil et sa Lusitanie ;1830
Je vous en ai fait maître, et de tous ces Romains
Que déjà leur bonheur a remis en vos mains.
Comme en un grand dessein, et qui veut promptitude,
On ne s’explique pas avec la multitude,
Je n’ai point cru, Seigneur, devoir apprendre à tous1835
Celui d’aller demain me rendre auprès de vous ;
Mais j’en porte sur moi d’assurés témoignages.
Ces lettres de ma foi vous seront de bons gages ;
Et vous reconnoîtrez, par leurs perfides traits,
Combien Rome pour vous a d’ennemis secrets, 1840
Qui tous, pour Aristie enflammés de vengeance,
Avec Sertorius étoient d’intelligence.
Lisez…

(Il lui donne les lettres qu’Aristie avait apportées de Rome à Sertorius.)
Aristie.

Quoi ? Scélérat ! Quoi ? Lâche ! Oses-tu bien…

Perpenna.

Madame, il est ici votre maître et le mien ;
Il faut en sa présence un peu de modestie, 1845
Et si je vous oblige à quelque repartie,
La faire sans aigreur, sans outrages mêlés,
Et ne point oublier devant qui vous parlez.
Vous voyez là, Seigneur, deux illustres rivales,
Que cette perte anime à des haines égales.1850
Jusques au dernier point elles m’ont outragé ;
Mais puisque je vous vois, je suis assez vengé[1].
Je vous regarde aussi comme un dieu tutélaire ;
Et ne puis… Mais, ô Dieux ! Seigneur, qu’allez-vous faire ?

POMPÉE, après avoir brûlé les lettres sans les lire[2].

Montrer d’un tel secret ce que je veux savoir1855

  1. Var. Mais puisque je vous vois, j’en suis assez vengé. (1662)
  2. « En la scène sixième, M. Corneille nous apprend de son chef et par