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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/456

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SERTORIUS.

Si vous m’aviez connu, vous l’auriez su prévoir.
Rome en deux factions trop longtemps partagée
N’y sera point pour moi de nouveau replongée ;
Et quand Sylla lui rend sa gloire et son bonheur,
Je n’y remettrai point le carnage et l’horreur[1].1860
Oyez, Celsus.

(Il lui parle à l’oreille.)

Oyez, Celsus.Surtout empêchez qu’il ne nomme
Aucun des ennemis qu’elle m’a faits à Rome.

(À Perpenna.)

Vous, suivez ce tribun : j’ai quelques intérêts
Qui demandent ici des entretiens secrets.

Perpenna.

Seigneur, se pourrait-il qu’après un tel service…1865

Pompée.

J’en connais l’importance, et lui rendrai justice.
Allez.


    entreligne, dans l’impression de sa pièce, que Pompée brûle des lettres d’Aristie, au moins il semble que ce soit d’elle, que Perpenna lui venoit de mettre entre les mains ; mais il veut qu’on l’en croie sur sa parole, car il ne paroit point qu’il y eût du feu dans le cabinet de Viriate. » (Seconde dissertation… par l’abbé d’Aubignac. Recueil… publié par l’abbé Granet, tome I, p. 275.) — « Cette action de brûler des lettres est belle dans l’histoire (voyez la note suivante), et fait un mauvais effet dans une tragédie. On apporte une bougie, autrefois on apportait une chandelle. » (Voltaire, 2e édition, 1774.)

  1. « Pour cuider sauuer sa vie, s’estant saisi des papiers de Sertorius, il (Perpenna) fit offre à Pompeius de luy bailler entre ses mains les lettres missiues de plusieurs des principaux senateurs de Rome, escrites de leurs propres mains, par lesquelles ilz mandoient à Sertorius qu’il menast son armée en Italie, et qu’il y trouueroit beaucoup de gens qui desiroient sa venuë, et ne demandoient autre chose que la mutation du gouuernement. Là ne fit point Pompeius vn acte de ieune homme, ains d’vn cerueau meur, rassis et bien composé, deliurant par ce moyen la ville de Rome de grande peur et du danger de grandes nouuelletez ; car il amassa ces lettres et papiers de Sertorius en vn monceau, et les brusla toutes sans en lire vne seule, ne permettre qu’autre en leust. Dauantage fit incontinent mourir Perpenna pour doute qu’il n’en nommast quelques vns, craignant que s’il en nommoit, cela ne fust derechef occasion de nouveaux troubles et nouuelles seditions. » (Plutarque, Vie de Sertorius, chapitre xxvii, traduction d’Amyot.)