Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/556

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Non, Madame.

Sophonisbe
Non, Madame.Allez donc ; et sans vous mettre en peine
De ce qu’il me plaira croire ou ne croire pas,
Laissez en mon pouvoir ma vie et mon trépas.


Scène IV – Sophonisbe, Éryxe, Herminie, Barcée

Sophonisbe
Une troisième fois mon sort change de face,
Madame, et c’est mon tour de vous quitter la place.
1645Je ne m’en défends point, et quel que soit le prix
De ce rare trésor que je vous avois pris,
Quelques marques d’amour que ce héros m’envoie,
Ce que j’en eus pour lui vous le rend avec joie.
Vous le conserverez plus dignement que moi.

Éryxe
1650Madame, pour le moins j’ai su garder ma foi ;
Et ce que mon espoir en a reçu d’outrage
N’a pu jusqu’à la plainte emporter mon courage.
Aucun de nos Romains sur mes ressentiments…

Sophonisbe
Je ne demande point ces éclaircissements,
1655Et m’en rapporte aux Dieux qui savent toutes choses.
Quand l’effet est certain, il n’importe des causes :
Que ce soit mon malheur, que ce soient nos tyrans,
Que ce soit vous, ou lui, je l’ai pris, je le rends.
––Il est vrai que l’état où j’ai su vous le prendre
1660N’est pas du tout le même où je vais vous le rendre :