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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/620

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OTHON.

Que l’heureux contre-temps d’un si rare service…

LACUS.

Madame…

CAMILLE.

Madame… Croyez-moi, mettez bas l’artifice.
Ne vous hasardez point à faire un empereur.
Galba connoît l’empire, et je connois mon cœur :
725Je sais ce qui m’est propre ; il voit ce qu’il doit faire,
Et quel prince à l’État est le plus salutaire.
Si le ciel vous inspire, il aura soin de nous,
Et saura sur ce point nous accorder sans vous.

LACUS.

Si Pison vous déplaît, il en est quelques autres…

CAMILLE.

730N’attachez point ici mes intérêts aux vôtres.
Vous avez de l’esprit, mais j’ai des yeux perçants :
Je vois qu’il vous est doux d’être les tout-puissants ;
Et je n’empêche point qu’on ne vous continue
Votre toute-puissance au point qu’elle est venue ;
735Mais quant à cet époux, vous me ferez plaisir
De trouver bon qu’enfin je puisse le choisir.
Je m’aime un peu moi-même, et n’ai pas grande envie
De vous sacrifier le repos de ma vie.

MARTIAN.

Puisqu’il doit avec vous régir tout l’univers…

CAMILLE.

740Faut-il vous dire encor que j’ai des yeux ouverts ?
Je vois jusqu’en vos cœurs, et m’obstine à me taire ;
Mais je pourrais enfin dévoiler le mystère.

MARTIAN.

Si l’empereur nous croit…

CAMILLE.

Si l’empereur nous croit… Sans doute il vous croira ;
Sans doute je prendrai l’époux qu’il m’offrira :