Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/624

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Sous ces grands souverains, partir d’autres que d’eux.

CAMILLE.

Mais Othon m’aime-t-il ?

ALBIANE.

Mais Othon m’aime-t-il ? S’il vous aime ? ah ! Madame.

CAMILLE.

On a cru que Plautine avait toute son âme.

ALBIANE.

795On l’a dû croire aussi, mais on s’est abusé :
Autrement Vinius l’auroit-il proposé ?
Auroit-il pu trahir l’espoir d’en faire un gendre ?

CAMILLE.

En feignant de l’aimer que pouvoit-il prétendre ?

ALBIANE.

De s’approcher de vous, et se faire en la cour
800Un accès libre et sûr pour un plus digne amour.
De Vinius par là gagnant la bienveillance,
Il a su le jeter dans une autre espérance,
Et le flatter d’un rang plus haut et plus certain,
S’il devenoit par vous empereur de sa main.
805Vous voyez à ces soins que Vinius s’applique,
En même temps qu’Othon auprès de vous s’explique.

CAMILLE.

Mais à se déclarer il a bien attendu.

ALBIANE.

Mon frère jusque-là vous en a répondu.

CAMILLE.

Tandis, tu m’as réduite à faire un peu d’avance,
810À consentir qu’Albin combattît son silence,
Et même Vinius, dès qu’il me l’a nommé,
A pu voir aisément qu’il pourroit être aimé.

ALBIANE.

C’est la gêne où réduit celles de votre sorte
La scrupuleuse loi du respect qu’on leur porte :