Je veux croire, en faveur des héros de sa race,
Qu’il en a les vertus, qu’il en suivra la trace,
Qu’il en égalera les plus illustres noms ;
Mais j’en croirois bien mieux de grandes actions.
Si dans un long exil il a paru sans vice,
La vertu des bannis souvent n’est qu’artifice.
Sans vous avoir servi, vous l’avez ramené ;
Mais l’autre est le premier qui vous ait couronné ;
Dès qu’il vit deux partis, il se rangea du vôtre[1] :
Ainsi l’un vous doit tout, et vous devez à l’autre.
Vous prendrez donc le soin de m’acquitter vers lui ;
Et comme pour l’empire il faut un autre appui,
Vous croirez que Pison est plus digne de Rome :
Pour ne plus en douter suffit que je le nomme.
Mais je doute si l’autre est moins digne de moi.
Doutez-en : un tel doute est bien digne d’une âme
Qui voudroit de Néron revoir le siècle infâme,
Et qui voyant qu’Othon lui ressemble le mieux…
Que vos seules bontés de tout mon sort ordonnent :
Je me donne en aveugle à qui qu’elles me donnent.
Mais quand vous consultez Lacus et Martian,
Un époux de leur main me paroît un tyran ;
- ↑ Voyez plus haut, p. 576, vers 31 et suivants.
qu’il l’appelle du sein du repos à ce rang suprême qu’il a lui-même obtenu par la guerre… Ut principatum… bello adeptus, quiescenti offeram. Plus loin, au chapitre xlviii du livre Ier des Histoires, Tacite nous apprend que Pison avait été longtemps exilé : diu exsul.