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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/632

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OTHON.

985Et si j’ose tout dire en cette conjoncture[1],
Je regarde Pison comme leur créature,
Qui régnant par leur ordre et leur prêtant sa voix,
Me forcera moi-même à recevoir leurs lois.
Je ne veux point d’un trône où je sois leur captive,
990Où leur pouvoir m’enchaîne, et quoi qu’il en arrive,
J’aime mieux un mari qui sache être empereur,
Qu’un mari qui le soit et souffre un gouverneur.

GALBA.

Ce n’est pas mon dessein de contraindre les âmes.
N’en parlons plus : dans Rome il sera d’autres femmes[2]
995À qui Pison en vain n’offrira pas sa foi.
Votre main est à vous, mais l’empire est à moi.


Scène IV.

GALBA, OTHON, CAMILLE, ALBIN, ALBIANE.
GALBA.

Othon, est-il bien vrai que vous aimiez Camille ?

OTHON.

Cette témérité m’est sans doute inutile ;
Mais si j’osois, Seigneur, dans mon sort adouci…

GALBA.

1000Non, non : si vous l’aimez, elle vous aime aussi.
Son amour près de moi vous rend de tels offices,
Que je vous en fais don pour prix de vos services.
Ainsi, bien qu’à Lacus j’aie accordé pour vous
Qu’aujourd’hui de Plautine on vous verra l’époux[3],
1005L’illustre et digne ardeur d’une flamme si belle
M’en fait révoquer l’ordre, et vous obtient pour elle.

  1. L’édition de 1682 porte conjecture, pour conjoncture.
  2. Voyez tome III, p. 162, vers 1058 et note 4.
  3. Var. Qu’aujourd’hui de Plautine on vous verroit l’époux. (1665-68)