Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/633

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OTHON.

Vous m’en voyez de joie interdit et confus.
Quand je me prononçois moi-même un prompt refus,
Que j’attendois l’effet d’une juste colère,
1010Je suis assez heureux pour ne vous pas déplaire !
Et loin de condamner des vœux trop élevés…

GALBA.

Vous savez mal encor combien vous lui devez :
Son cœur de telle force à votre hymen aspire,
Que pour mieux être à vous, il renonce à l’empire.
1015Choisissez donc ensemble, à communs sentiments,
Des charges dans ma cour, ou des gouvernements ;
Vous n’avez qu’à parler.

OTHON.

Vous n’avez qu’à parler. Seigneur, si la princesse…

GALBA.

Pison n’en voudra pas dédire ma promesse.
Je l’ai nommé César, pour le faire empereur :
1020Vous savez ses vertus, je réponds de son cœur.
Adieu. Pour observer la forme accoutumée,
Je le vais de ma main présenter à l’armée.
Pour Camille, en faveur de cet heureux lien,
Tenez-vous assuré qu’elle aura tout mon bien :
1025Je la fais dès ce jour mon unique héritière[1].


Scène V.

OTHON, CAMILLE, ALBIN, ALBIANE.
CAMILLE.

Vous pouvez voir par là mon âme toute entière,
Seigneur ; et je voudrais en vain la déguiser,

  1. Var. Je la fais de ce jour mon unique héritière. (1665)