Il m’offre Othon pour vous, qu’il souhaitoit pour gendre ;
Je le rends à sa fille, il aime à le reprendre ;
Je la veux pour Pison, mon vouloir est suivi ;
Je vous mets en sa place, et l’en trouve ravi ;
Son ami se révolte, il presse ma colère ;
Il donne à Martian Plautine à ma prière :
Et je soupçonnerois un crime dans les vœux
D’un homme qui s’attache à tout ce que je veux ?
Qui veut également tout ce qu’on lui propose,
Dans le secret du cœur souvent veut autre chose ;
Et maître de son âme, il n’a point d’autre foi
Que celle qu’en soi-même il ne donne qu’à soi.
Cet hymen toutefois est l’épreuve dernière
D’une foi toujours pure, inviolable, entière.
Vous verrez à l’effet comment elle agira,
Seigneur, et comme enfin Plautine obéira.
Sûr de sa résistance, et se flattant peut-être
De voir bientôt ici son cher Othon le maître,
Dans l’état où pour vous il a mis l’avenir,
Il promet aisément plus qu’il ne veut tenir.
Le devoir désunit l’amitié la plus forte,
Mais l’amour aisément sur ce devoir l’emporte ;
Et son feu, qui jamais ne s’éteint qu’à demi,
Intéresse une amante[1] autrement qu’un ami.
J’aperçois Vinius. Qu’on m’amène sa fille :
J’en punirai le crime en toute la famille,
- ↑ Tel est le texte de toutes les éditions publiées du vivant de l’auteur. Thomas Corneille (1692) et Voltaire (1764) ont remplacé « une amante » par « un amant. »