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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/116

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ATTILA.

rie[1] avec grandes menaces, et en attendant[2], il épousa Ildione, dont tous les historiens marquent la beauté[3], sans parler de sa naissance. C’est ce qui m’a enhardi à la faire sœur d’un de nos premiers rois[4], afin d’opposer la France naissante au déclin de l’Empire. Il est constant qu’il mourut la première nuit de son mariage avec elle. Marcellin dit qu’elle le tua elle-même[5], et je lui en ai voulu donner l’idée, quoique sans effet[6]. Tous les autres rapportent


    portent ici Valentinien, mais dans la liste des acteurs, où ce nom propre reparaît, elles donnent, comme les éditions publiées du vivant de l’auteur, Valentinian.

  1. Justa Grata Honoria, petite-fille du grand Théodose, fille de Constance III et de Placidie et sœur de Valentinien III, née à Ravenne en 417, envoya son anneau à Attila en le priant de la demander en mariage. Attila ne répondit point, et quelque temps après Honoria fut enfermée à Constantinople, puis à Ravenne, à cause de sa conduite scandaleuse avec son intendant Eugénius. Ce fut alors qu’Attila réclama sa fiancée, exigeant sa mise en liberté et la part qui lui revenait dans la succession de son père, qui se composait, suivant le roi des Huns, non-seulement de la moitié des biens personnels de Constance, mais aussi de la moitié de l’empire d’Occident. Valentinien répondit que sa sœur était mariée, et que d’ailleurs l’Empire ne constituait pas un patrimoine de famille. Toutefois, lorsque plus tard le pape Léon vint supplier Attila vainqueur d’épargner Rome, celui-ci en se retirant déclara encore qu’il reviendrait accabler l’Italie si on ne lui envoyait Honoria et ses trésors. Voyez Jornandès, de Getarum rebus gestis, chapitre xlii.
  2. Dans les deux impressions de 1668, l’édition originale, aussi bien que le recueil, on lit : « et en l’attendant. »
  3. Puellam, Ildico nomine, decoram valde, sibi in matrimonium post innumerabiles uxores, ut mos erat gentis illius, socians. (Jornandès, de Getarum rebus gestis, chapitre xlix.)
  4. « Qu’était-ce qu’Ildico ? La tradition germaine en fait une fille de roi, tantôt d’un roi des Franks d’outre-Rhin, tantôt d’un roi des Burgondes. » (Histoire d’Attila, par M. Amédée Thierry, tome I, p. 226.)
  5. Attila noctu mulleris manu cultroque confoditur. (Marcellini comitis Chronicon.)
  6. Voyez acte II, scène vi, vers 683-704. — On voit comme Corneille met à profit les versions diverses qui se rapportent à un fait