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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/135

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ACTE II, SCÈNE I.

ACTE II.



Scène PREMIÈRE.

HONORIE, FLAVIE.
FLAVIE.

Je ne m’en défends point : oui, Madame, Octar m’aime ;
Tout ce que je vous dis, je l’ai su de lui-même.
Ils sont rois, mais c’est tout : ce titre sans pouvoir
N’a rien presque en tous deux de ce qu’il doit avoir ;
Et le fier Attila chaque jour fait connoître365
Que s’il n’est pas leur roi, du moins il est leur maître,
Et qu’ils n’ont en sa cour le rang de ses amis
Qu’autant qu’à son orgueil ils s’y montrent soumis.
Tous deux ont grand mérite, et tous deux grand courage ;
Mais ils sont, à vrai dire, ici comme en otage,370
Tandis que leurs soldats en des camps éloignés
Prennent l’ordre sous lui de gens qu’il a gagnés ;
Et si de le servir leurs troupes n’étoient prêtes,
Ces rois, tous rois qu’ils sont, répondroient de leurs têtes.
Son frère aîné Vléda, plus rempli d’équité,375
Les traitoit malgré lui d’entière égalité ;
Il n’a pu le souffrir, et sa jalouse envie,
Pour n’avoir plus d’égaux, s’est immolé sa vie[1].
Le sang qu’après avoir mis ce prince au tombeau,
On lui voit chaque jour distiller du cerveau[2],380

  1. Voyez plus haut, p. 121, la note du vers 342.
  2. Voyez encore ci-dessus, p. 105 et la note 1.