Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
ATTILA.

Mon rival est haï, je n’en saurois douter,
Tout le cœur est à moi, j’ai lieu de m’en vanter ;
Au reste des mortels je sais qu’on me préfère,525
Et ne sais toutefois ce qu’il faut que j’espère.
Voyez votre Ildione ; et puissiez-vous, Seigneur,
Y trouver plus de jour à lire dans son cœur,
Une âme plus tournée à remplir votre attente.
Un esprit plus facile ! Octar sort de sa tente.530
Adieu.


Scène V.

ARDARIC, OCTAR.
ARDARIC.

Adieu.Pourrai-je voir la Princesse à mon tour ?

OCTAR.

Non, à moins qu’il vous plaise attendre son retour ;
Mais, à ce que ses gens, Seigneur, m’ont fait entendre,
Vous n’avez en ce lieu qu’un moment à l’attendre.

ARDARIC.

Dites-moi cependant : vous fûtes prisonnier535
Du roi des Francs, son frère, en ce combat dernier ?

OCTAR.

Le désordre, Seigneur, des Champs catalauniques
Me donna peu de part aux disgrâces publiques.
Si j’y fus prisonnier de ce roi généreux,
Il me fit dans sa cour un sort assez heureux :540
Ma prison y fut libre ; et j’y trouvai sans cesse
Une bonté si rare au cœur de la Princesse,
Que de retour ici je pense lui devoir
Les plus sacrés respects qu’un sujet puisse avoir.

ARDARIC.

Qu’un monarque est heureux lorsque le ciel lui donne545
La main d’une si belle et si rare personne !