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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/153

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ACTE III, SCÈNE I.

La gloire qu’Honorie est prête d’obtenir.
Fais qu’elle me dédaigne, et me préfère un autre785
Qui n’ait pour tout pouvoir qu’un foible emprunt du nôtre :
Ardaric, Valamir, ne m’importe des deux.
Mais voir en d’autres bras l’objet de tous mes vœux !
Vouloir qu’à mes yeux même un autre le possède[1] !
Ah ! le mal est encor plus doux que le remède.790
Dis-lui, fais-lui savoir…

OCTAR.

Dis-lui, fais-lui savoir…Quoi, Seigneur ?

ATTILA.

Dis-lui, fais-lui savoir…Quoi, Seigneur ?Je ne sai :
Tout ce que j’imagine est d’un fâcheux essai.

OCTAR.

À quand remettez-vous, après tout, d’en résoudre ?

ATTILA.

Octar, je l’aperçois. Quel nouveau coup de foudre !
Ô raison confondue, orgueil presque étouffé,795
Avant ce coup fatal que n’as-tu triomphé !


Scène II.

ATTILA, ILDIONE, OCTAR.
ATTILA.

Venir jusqu’en ma tente enlever mes hommages,
Madame, c’est trop loin pousser vos avantages :
Ne vous suffit-il point que le cœur soit à vous ?

ILDIONE.

C’est de quoi faire naître un espoir assez doux.800
Ce n’est pas toutefois, Seigneur, ce qui m’amène :
Ce sont des nouveautés dont j’ai lieu d’être en peine.

  1. Var. Vouloir qu’à mes yeux même un autre la possède ! (1668)