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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/168

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ATTILA.

Sans aimer Ardaric, j’en conçois jalousie !
Mais je me venge, et suis, en ce juste projet,
Jalouse du bonheur, et non pas de l’objet.1160

FLAVIE.

Attila vient, Madame.

HONORIE.

Attila vient, Madame.Eh bien ! faisons connoître
Que le sang des Césars ne souffre point de maître,
Et peut bien refuser de pleine autorité
Ce qu’une autre refuse avec témérité.


Scène III.

ATTILA, HONORIE, FLAVIE.
ATTILA.

Tout s’apprête, Madame, et ce grand hyménée1165
Peut dans une heure ou deux terminer la journée,
Mais sans vous y contraindre ; et je ne viens que voir
Si vous avez mieux vu quel est votre devoir.

HONORIE.

Mon devoir est, Seigneur, de soutenir ma gloire,
Sur qui va s’imprimer une tache trop noire,1170
Si votre illustre amour pour son premier effet
Ne venge hautement l’outrage qu’on lui fait.
Puis-je voir sans rougir qu’à la belle Ildione
Vous demandiez congé de m’offrir votre trône,
Que… ?

ATTILA.

Que… ?Toujours Ildione, et jamais Attila !1175

HONORIE.

Si vous me préférez, Seigneur, punissez-la :
Prenez mes intérêts, et pressez votre flamme
De remettre en honneur le nom de votre femme.
Ildione le traite avec trop de mépris ;