Est-ce vous offenser que m’offrir vos refus ?
Et vous doit-il un cœur dont vous ne voulez plus ?
Je ne sais si je puis vous dire s’il m’offense,
Quand vous vous préparez à prendre sa défense.
Et moi, je ne sais pas s’il a droit de changer,
Mais je sais que l’amour ne peut désobliger.
Du moins ce nouveau feu rend justice au mérite.
Vous m’avez commandé de quitter qui me quitte,
Vous le savez, Madame ; et si c’est vous trahir,
Vous m’avouerez aussi que c’est vous obéir.
S’il échappe à l’amour un mot qui le trahisse,
À l’effort qu’il se fait veut-il qu’on obéisse ?
Il cherche une révolte, et s’en laisse charmer.
Vous le sauriez, ingrat, si vous saviez aimer,
Et ne vous feriez pas l’indigne violence
De vous offrir ailleurs, et même en ma présence.
La preuve est convaincante, et l’exemple suffit.
Il suffit pour vous croire, et non pas pour le suivre.
Allez, sous quelques lois qu’il vous plaise de vivre,
Vivez-y, j’y consens ; mais vous pouviez, Seigneur,
Vous hâter un peu moins de m’ôter votre cœur,
Attendre que l’honneur de ce grand hyménée
Vous renvoyât la foi que vous m’avez donnée.