Allons où je n’aurai que vous pour souveraine,
Où vos bras amoureux seront ma seule chaîne[1],
Où l’hymen en triomphe à jamais l’étreindra ;
Et soit de Rome esclave et maître qui voudra[2] !
Ne se quitte jamais, Seigneur, qu’avec la vie ;
Et des nouveaux Césars la tremblante fierté
N’ose faire de grâce à ceux qui l’ont porté :
Qui l’a pris une fois est toujours punissable.
Ce fut par là qu’Othon se traita de coupable,
Par là Vitellius mérita le trépas ;
Et vous n’auriez partout qu’assassins sur vos pas.
Que faire donc, Madame ?
Et s’il y faut enfin la main de Domitie…
Mais adieu : sur ce point si vous pouvez douter,
Ce n’est pas moi, Seigneur, qu’il en faut consulter.
Non, Madame ; et dût-il m’en coûter trône et vie,
Vous ne me verrez point épouser Domitie.
Ciel, si vous ne voulez qu’elle règne en ces lieux,
Que vous m’êtes cruel de la rendre à mes yeux !
- ↑ Dans l’édition de 1692 : « feront ma seule chaîne. »
- ↑ Voyez ci-dessus la Notice, p. 196.
- ↑ Voltaire (1764) a remplacé « qui se retire, » par « qui sort. »