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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/520

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On sait que vous aimez ; on ignore l’amant :
Madame, tout cela parle trop clairement.

EURYDICE.

Ce sont de vains soupçons qu’avec moi tu hasardes.



Scène II.

EURYDICE, PALMIS, ORMÈNE.
PALMIS.

Madame, à chaque porte on a posé des gardes :
1075Rien n’entre, rien ne sort qu’avec ordre du Roi.

EURYDICE.

Qu’importe ? et quel sujet en prenez-vous d’effroi ?

PALMIS.

Ou quelque grand orage à nous troubler s’apprête,
Ou l’on en veut, Madame, à quelque grande tête :
Je tremble pour mon frère.

EURYDICE.

Je tremble pour mon frère.À quel propos trembler ?
1080Un roi qui lui doit tout voudroit-il l’accabler ?

PALMIS.

Vous le figurez-vous à tel point insensible,
Que de son alliance un refus si visible… ?

EURYDICE.

Un si rare service a su le prévenir
Qu’il doit récompenser avant que de punir.

PALMIS.

1085Il le doit ; mais après une pareille offense,
Il est rare qu’on songe à la reconnaissance,
Et par un tel mépris le service effacé
Ne tient plus d’yeux ouverts sur ce qui s’est passé.

EURYDICE.

Pour la sœur d’un héros, c’est être bien timide.