Qu’il s’y donne, Madame, et ne m’en dise rien,
Ou si son cœur encor peut dépendre du mien,
Qu’il attende à l’aimer que ma haine cessée
Vers l’amour de son frère ait tourné ma pensée.
Résolvez-le vous-même à me désobéir ;
Forcez-moi, s’il se peut, moi-même à le haïr :
À force de raisons faites-m’en un rebelle ;
Accablez-le de pleurs pour le rendre infidèle ;
Par pitié, par tendresse, appliquez tous vos soins
À me mettre en état de l’aimer un peu moins :
J’achèverai le reste. À quelque point qu’on aime,
Quand le feu diminue, il s’éteint de lui-même.
Dans son amour pour vous, d’un odieux témoin :
Vous pourrez mieux sans moi flatter son espérance,
Mieux en notre faveur tourner sa déférence ;
Et ce que je prévois me fait assez souffrir,
Sans y joindre les vœux qu’il cherche à vous offrir.
Scène III.
Est-ce pour moi, Seigneur, qu’on fait garde à vos portes ?
Pour assurer ma fuite, ai-je ici des escortes ?
Ou si ce grand hymen, pour ses derniers apprêts…
Madame, ainsi que vous chacun a ses secrets.
Ceux que vous honorez de votre confidence
Observent par votre ordre un généreux silence.
Le Roi suit votre exemple ; et si c’est vous gêner,