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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 8.djvu/23

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IX
NOTICE.

même, il nous dit du moins : « J’écris fort intelligiblement, et parle assez bien, pour être d’un pays où l’on parle toujours mal[1] », et il ne se serait guère exprimé ainsi en parlant de la Normandie. Enfin ses Poésies nous montrent qu’il avait habité Bordeaux[2], et c’est dans cette ville qu’il exerça les fonctions de son ministère lorsqu’il fut entré dans les ordres. Ce fait est constaté par le volume intitulé : Satyres nouvelles de Monsieur Benech de Cantenac, chanoine de l’Église métropolitaine et primatiale de Bordeaux… À Amsterdam, chez la veuve Chayer, dans le Sleestraat (sans date). Quant à l’identité du personnage, elle ne saurait être douteuse ; car l’avis intitulé Le libraire au lecteur commence ainsi : « L’accueil favorable que le public a fait autrefois aux diverses poésies de M. de Cantenac, donne lieu de croire que ses satires ne seront pas moins bien reçues. »

N’est-il pas plus naturel, d’après tout ceci, d’attribuer un gasconisme à Cantenac qu’à Corneille ? Ce gasconisme, il est vrai, a disparu de l’édition de 1662 ; mais qu’en conclure, si ce n’est que Cantenac, sur l’observation de quelque ami obligeant, a changé une expression qui sentait trop le terroir et paraissait choquante aux Parisiens ?

En voilà assez et trop peut-être sur ce poëme[3], dont il est vraiment regrettable d’avoir à parler avant d’en venir à la belle traduction que Corneille a faite de l’Imitation de Jésus-Christ. Ne nous occupons plus maintenant que de l’histoire de la com-

  1. Édition de 1662, p. 241.
  2. Le recueil renferme une pièce intitulée : Response au remerciement que Monsieur D… Conseiller au Parlement de Bordeaux fit d’un livre intitulé Pancirole… que l’Autheur luy avait presté. (Page 94.)
  3. Ceux de nos lecteurs qui voudraient avoir l’énumération complète de tous les critiques qui dans cette question ont repoussé l’odieuse accusation dirigée contre Pierre Corneille, la trouveront dans une intéressante dissertation dont voici le titre : Note sur Pierre Corneille, considéré à tort comme l’auteur du poème l’Occasion perdue recouverte ; lue à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, par Édouard Frère. Rouen, imp. de H. Boissel, 18647 in-8o de 18 pages. Tiré à cinquante exemplaires.