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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 8.djvu/24

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X
L’IMITATION DE JÉSUS-CHRIST.

position de ce dernier ouvrage et de la publication successive de ses diverses parties.

Nous rencontrons d’abord : L’Imitation de Jésus-Christ. Traduite en vers françois Par P. Corneille. — À Rouen, chez Laurens Maury, prés le Palais. M.DC.LI. Avec privilege du Roy. Et se vendent à Paris, chez Charles de Sercy, au Palais, dans la salle Dauphine, À la Bonne-Foy couronnée. On lit au bas du privilége de ce volume de format in-12, qui se compose de 5 feuillets préliminaires et de 56 feuillets chiffrés : « Achevé d’imprimer pour la première fois le 15. de novembre 1651. » Il comprend seulement les vingt premiers chapitres du premier livre, que, suivant son expression, Corneille donnait au public « pour coup d’essai, et pour arrhes du reste[1]. »

Au moment où Corneille entreprenait cette traduction, les religieux bénédictins et les chanoines réguliers de Sainte-Geneviève se disputaient avec une extrême vivacité à propos de l’auteur de l’Imitation, et, suivant la piquante expression de Corneille, les deux ordres le voulaient « chacun revêtir de leur habit[2]. » Les chanoines de Sainte-Geneviève tenaient pour Thomas à Kempis ; les bénédictins, pour Jean Gersen, abbé prétendu de Verceil, qui, selon eux, avait écrit de 1220 à 1240, mais à l’égard duquel ils ne produisaient que des documents si peu nombreux et si incertains, qu’on a pu révoquer en doute jusqu’à son existence. Corneille apporte dans ses avis Au lecteur le soin le plus scrupuleux et le plus habile à ne point se prononcer sur cette question, qu’il aborde avec un peu plus de confiance dans des lettres adressées au P. Boulard, génovéfain[3]. On voit d’ailleurs déjà dans l’avis Au lecteur des vingt premiers chapitres de sa traduction qu’il n’est pas favorable à Gersen, car, à la fin de cet avis, lorsqu’il parle de ce que la lecture de ce livre doit faire penser de son auteur, il s’exprime de la sorte : « J’y trouve certitude qu’il étoit prêtre ; j’y trouve grande apparence qu’il étoit moine ; mais j’y trouve aussi quel-

  1. Au lecteur, ci-après, p. 17.
  2. Voyez ci-après, p. 18.
  3. Voyez les Lettres des années 1652 et 1656.