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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 9.djvu/20

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6 LOUANGES DE LA SAINTE VIERGE.

la même mesure : j’y ai mêlé des vers longs et courts, selon que les expressions en ont eu besoin, pour avoir plus de conformité avec l’original, que j’ai tâché de suivre fidèlement. Vous y en trouverez d’assez passables, quand l’occasion s’en est offerte ; mais elle ne s’est pas offerte si souvent que je l’aurois souhaité pour votre satisfaction. Si ce coup d’essai ne déplaît pas, il m’enhardira à donner de temps en temps au public des ouvrages de cette nature, pour satisfaire en quelque sorte à l’obligation que nous avons tous d’employer à la gloire de Dieu du moins une partie des talents que nous en avons reçus. Il ne faut pas toutefois attendre de moi, dans ces sortes de matières, autre chose que des traductions ou des paraphases. Je suis si peu versé dans la théologie et dans la dévotion, que je n’ose me fier à moi-même quand il en faut parler : je les regarde comme des routes inconnues, où je m’égarerois aisément, si je ne m’assurois de bons guides ; et ce n’est pas sans beaucoup de confusion que je me sens un esprit si fécond pour les choses du monde, et si stérile pour celles de Dieu. Peut-être l’a-t-il ainsi voulu pour me donner d’autant plus de quoi m’humilier devant lui, et rabattre cette vanité si naturelle a ceux qui se mêlent d’écrire, quand ils ont eu quelque succès avantageux. En attendantqu’il lui plaise m’inspirer et m’attirer plus fortement, je vous fais cet aveu sincère de ma foiblesse, et ne me hasarderai à vous rien dire de lui que je n’emprunte de ceux qu’il a mieux éclairés.