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Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/300

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Qu’ils parlent hautement, qu’ils disent des merveilles,
qu’ils déclarent ton ordre avec pleine vigueur :
si tu ne parles point, ils frappent les oreilles
sans émouvoir le cœur.

Ils sèment la parole obscure, simple et nue ;
mais dans l’obscurité tu rends l’œil clairvoyant,
et joins du haut du ciel à la lettre qui tue
l’esprit vivifiant.

Leur bouche sous l’énigme annonce le mystère,
mais tu nous en fais voir le sens le plus caché :
ils nous prêchent tes lois, mais ton secours fait faire
tout ce qu’ils ont prêché.

Ils montrent le chemin, mais tu donnes la force
d’y porter tous nos pas, d’y marcher jusqu’au bout ;
et tout ce qui vient d’eux ne passe point l’écorce,
mais tu pénètres tout.

Ils n’arrosent sans toi que les dehors de l’âme,
mais sa fécondité veut ton bras souverain ;
et tout ce qui l’éclaire, et tout ce qui l’enflamme
ne part que de ta main.

Ces prophètes enfin ont beau crier et dire :
ce ne sont que des voix, ce ne sont que des cris,