Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/372

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qui tout néant qu’il est, ose s’enorgueillir !

Ô néant ! ô vrai rien ! Mais pesanteur extrême,
mais charge insupportable à qui veut s’élever !
Mer sans rive où partout chacun se peut trouver,
mais sans trouver partout qu’un néant en soi-même !

Dans un gouffre si vaste où te retires-tu,
où te peux-tu cacher, source de vaine gloire ?
Mérite, où vois-tu lieu de flatter la mémoire ?
Où va la confiance en la propre vertu ?

Tout s’abîme, Seigneur, dans cette mer profonde
que tes grands jugements ouvrent de toutes parts ;
et si tous les mondains y jetoient leurs regards,
il ne seroit jamais de vaine gloire au monde.

Que verroient-ils en eux qu’ils pussent estimer,
s’ils voyoient devant toi ce qu’est leur chair fragile ?
Comment souffriroient-ils qu’une masse d’argile
s’enflât contre la main qui vient de la former ?

Un cœur vraiment à toi ne prend jamais le change ;