Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/392

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qui pourroit arriver au bout de la carrière,
si nous étions réduits à nos aveuglements ?


CHAPITRE XIX.

de la véritable patience.


Qu’as-tu, mon fils, que tu soupires ?
Considère ma passion,
considère mes saints, regarde leurs martyres,
et baisse après les yeux sur ton affliction :
qu’y trouves-tu qui leur soit comparable,
toi qui prétends une place en leur rang ?
Va, cesse de nommer ton malheur déplorable :
tu n’en es pas encor jusqu’à verser ton sang.

Tu souffres, mais si peu de chose
au prix de ce qu’ils ont souffert,
que le fardeau léger des croix que je t’impose
ne vaut pas que sur lui tu tiennes l’œil ouvert :
vois, vois plutôt celles qu’ils ont portées ;
vois quels tourments a bravés leur vertu,
que d’assauts repoussés, que d’horreurs surmontées ;
et si tu le peux voir, dis-moi, que souffres-tu ?