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Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/394

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que tu t’y prépares le mieux ;
ton mérite en augmente, et prend un avantage
qui te rend d’autant plus agréable à mes yeux ;
la douleur même en est d’autant moins rude,
quand le courage, à souffrir disposé,
s’en est fait par avance une douce habitude ;
et lorsqu’il s’est vaincu, tout lui devient aisé.

Ne dis jamais pour ton excuse :
" Je ne saurois souffrir d’un tel,
de mon trop de bonté sa calomnie abuse,
le dommage est trop grand, l’outrage trop mortel ;
à ma ruine il se montre inflexible,
il prend pour but de me déshonorer ;
je souffrirai d’un autre, et serai moins sensible,
selon que je verrai qu’il est bon d’endurer. "

Cette pensée est folle et vaine,
et l’amour-propre qu’elle suit,
sous ce discernement de la prudence humaine,
cache un orgueil secret qui t’enfle et te séduit.
Au lieu de voir ce qu’est la patience,
et quelle main la doit récompenser,
il attache tes yeux à voir quelle est l’offense,
et mesurer la main qui vient de t’offenser.