Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/407

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et mon cœur n’a jamais ni de repos sincère,
ni par où pleinement se pouvoir satisfaire,
s’il ne repose en toi, si de tout autre don
il ne fait pour t’aimer un solide abandon ;
si porté fortement à travers les nuages
jusqu’au-dessus des airs et de tous tes ouvrages,
par les sacrés élans d’un zèle plein de foi
sur les pieds de ton trône il ne s’attache à toi.

Adorable Jésus, cher époux de mon âme,
qui dans la pureté fais luire tant de flamme,
souverain éternel, et de tous les humains,
et de tout ce qu’ont fait et ta voix et tes mains,
qui pourra me donner ces ailes triomphantes
que d’un cœur vraiment libre ont les ardeurs ferventes,
afin que hors des fers de ce triste séjour,
je vole dans ton sein pour y languir d’amour ?

Quand pourrai-je, Seigneur, bannir toute autre idée,
et l’âme toute en toi, de toi seul possédée,
t’embrasser à mon aise, et goûter à loisir
combien ta vue est douce au pur et saint desir ?

Quand verrai-je cette âme en toi bien recueillie,
sans plus faire au dehors d’imprudente saillie,
s’oublier elle-même à force de t’aimer,