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Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/573

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elle aime l’ajusté, le beau, le précieux ;
le vil et le grossier sont l’horreur de ses yeux,
l’en vouloir revêtir, c’est lui faire une injure :
la grâce aime l’habit simple et sans ornement ;
elle n’affecte point la mode ;
le plus vieux drap n’a rien qui lui semble incommode,
et le plus mal poli lui plaît également.

La nature a le cœur aux choses de la terre,
dont le vain éclat l’éblouit,
et si le gain l’épanouit,
la perte aussitôt le resserre :
il chancelle, il s’abat sous le moindre revers,
et s’aigrit fortement pour un mot de travers.

Comme la grâce est éloignée
de cet indigne attachement,
les seuls biens éternels attirent pleinement
l’œil d’une âme qu’elle a gagnée :
elle tient pour indifférents
et la perte et le gain de ces biens apparents ;
contre elle sans effet l’opprobre se déploie ;
rien ne la peut troubler, rien ne la peut aigrir ;
et ne mettant qu’au ciel ses trésors et sa joie,
elle ne peut rien perdre où rien ne peut périr.

La nature est cupide autant qu’elle est avare,