Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/586

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l’éloquence et l’esprit, devant ta majesté
ne sont d’aucun poids sans la grâce :
la nature est aveugle à départir ses dons,
elle en est libérale aux méchants comme aux bons,
et n’y mêle rien qui ne passe ;
mais la dilection que ta grâce produit
est la marque du vrai fidèle,
qu’on ne porte jamais sans devenir par elle
digne de ce grand jour qui n’aura point de nuit.

La grâce donne à tout le rang qu’il doit tenir :
sans elle, ce n’est rien de prévoir l’avenir,
et d’en prononcer les oracles ;
sans elle, c’est en vain qu’on perce jusqu’aux cieux,
qu’on rend l’oreille aux sourds, aux aveugles les yeux ;
ce n’est rien que tous ces miracles :
l’espérance, la foi, le reste des vertus,
sans la charité, sans la grâce,
pour hautes qu’elles soient, tombent devant ta face,
ainsi que des épis de langueur abattus.

Ô trésor que jamais le monde ne comprit,
ô grâce qui répands sur le pauvre d’esprit