Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/75

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Nos sens sont des trompeurs, dont les fausses images
À notre entendement n’offrent rien d’assuré,
Et ne lui font rien voir qu’à travers cent nuages
Qui jettent mille ombrages
Dans l’œil mal éclairé.

De quoi sert une longue et subtile dispute
Sur des obscurités où l’esprit est déçu ?
De quoi sert qu’à l’envi chacun s’en persécute,
Si Dieu jamais n’impute
De n’en avoir rien su ?

Grande perte de temps et plus grande foiblesse
De s’aveugler soi-même et quitter le vrai bien,
Pour consumer sa vie à pointiller sans cesse
Sur le genre et l’espèce,
Qui ne servent à rien.

Touche, verbe éternel, ces âmes curieuses :
Celui que ta parole une fois a frappé,
De tant d’opinions vaines, ambitieuses,
Et souvent dangereuses,
Est bien développé.