Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/236

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inS DISCOURS

manière de les distinguer étoit plus incommode que la nôtre ; car on Ton prêtoit attention à ce que chantoit le chœur, ou l'on n'y en prêtoit point: si l'on y en prêtoit, l'esprit de l'auditeur étoit trop tendu, et n'avoit aucun moment pour se délasser ; si l'on n'y en prêtoit point, son attention étoit trop dissipée par la longueur du chant, et lorsqu'un autre acte commençoit, il avoit besoin d'un effort de mémoire pour rappeler en son imagination ce qu'il avoit déjà vu', et en quel point l'action étoit de- meurée. Nos violons n'ont aucune de ces deux incom- modités : l'esprit de l'auditeur se relâche durant qu'ils jouent, et réfléchit même sur ce qu'il a vu, pour le louer ou le blâmer, suivant qu'il lui a plu ou déplu ; et le peu qu'on les laisse jouer lui en laisse les idées si récentes, que quand les acteurs reviennent, il n'a point besoin de se faire d'effort pour rappeler et renouer son at- tention.

Le nombre des scènes dans chaque acte ne reçoit au- cune règle ; mais comme tout l'acte doit avoir une cer- taine quantité de vers qui proportionne sa durée à celle des autres, on y peut mettre plus ou moins de scènes, selon qu'elles sont plus ou moins longues, pour em- ployer le temps que tout l'acte ensemble doit consumer. Il faut, s'il se peut, y rendre raison de l'entrée et de la sortie de chaque acteur; surlout pour la sortie je tiens cette règle indispensable, et il n'y a rien de si mauvaise grâce qu'im acteur qui se retire du théâtre seulement parce qu'il n'a plus de vers à dire.

Je neseroispas si rigoureux pour les entrées. L'audi- teur attend l'acteur ; et bien que le théâtre représente la chambre ou le cabinet de celui qui parle, il ne peut tou-

��I. Vak. (cdit. de i6f)0-i6f)^) : II n\oit besoin d'un cfTorl d'esprit, jioiir y rappeler ce qu'il avoil déjà \u.

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