Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/464

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Je n’ai plus rien en moi qui n’en veuille à sa vie.

Sus donc, qui me la rend ? Destins, si votre envie,

Si votre haine encor s’obstine à mes tourments,

Jusqu’à me réserver à d’autres châtiments,

Faites que je mérite, en trouvant l’inhumaine,

Par un nouveau forfait, une nouvelle peine,

Et ne me traitez pas avec tant de rigueur

Que mon feu ni mon fer ne touchent point son cœur.

Mais ma fureur se joue, et demi-languissante,

S’amuse au vain éclat d’une voix impuissante.

Recourons aux effets, cherchons de toutes parts ;

Prenons dorénavant pour guides les hasards.

Quiconque ne pourra me montrer la cruelle,

Que son sang aussitôt me réponde pour elle ;

Et ne suivant ainsi qu’une incertaine erreur,

Remplissons tous ces lieux de carnage et d’horreur.

(Une tempête survient.)

Mes menaces déjà font trembler tout le monde :

Le vent fuit d’épouvante, et le tonnerre en gronde ;

L’œil du ciel s’en retire, et par un voile noir,

N’y pouvant résister, se défend d’en rien voir ;

Cent nuages épais se distillant en larmes,

À force de pitié, veulent m’ôter les armes,

La nature étonnée embrasse mon courroux,

Et veut m’offrir Dorise, ou devancer mes coups.

Tout est de mon parti : le ciel même n’envoie

Tant d’éclairs redoublés qu’afin que je la voie.

Quelques lieux où l’effroi porte ses pas errants,