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POLYEUCTE.

ALBIN.

Tirez-l’en donc vous-même, et d’un espoir de grâce
Apaisez la fureur de cette populace.

FÉLIX.

Allons, et s’il persiste à demeurer chrétien,
Nous en disposerons sans qu’elle en sache rien.


ACTE QUATRIÈME.


Scène I.

POLYEUCTE, CLÉON, trois autres gardes.
POLYEUCTE.

Gardes, que me veut-on ?

CLÉON.

Gardes, que me veut-on ? Pauline vous demande.

POLYEUCTE.

Ô présence, ô combat que surtout j’appréhende !
Félix, dans la prison j’ai triomphé de toi,
J’ai ri de ta menace, et t’ai vu sans effroi :
Tu prends pour t’en venger de plus puissantes armes ;
Je craignois beaucoup moins tes bourreaux que ses larmes.
Seigneur, qui vois ici les périls que je cours,
En ce pressant besoin redouble ton secours ;
Et toi qui, tout sortant encor de la victoire,
Regardes mes travaux du séjour de la gloire,
Cher Néarque, pour vaincre un si fort ennemi,
Prête du haut du ciel la main à ton ami.
Gardes, oseriez-vous me rendre un bon office ?
Non pour me dérober aux rigueurs du supplice :
Ce n’est pas mon dessein qu’on me fasse évader ;
Mais comme il suffira de trois à me garder,
L’autre m’obligeroit d’aller querir Sévère ;
Je crois que sans péril on peut me satisfaire :
Si j’avois pu lui dire un secret important,