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Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/12

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tant, et croyez avec moi
Qu'un choix si glorieux vous donnera ma foi,
Ou que si le sénat à nos voeux est contraire,
Le ciel m'inspirera ce que je devrai faire.

'LÉON' — Il vous inspirera quelque sage douleur,
Qui n'aura qu'un soupir à perdre en ma faveur.
Oui, de si grands rivaux...

'PULCHÉRIE' — Ils ont tous des maîtresses.

'LÉON' — Le trône met une âme au-dessus des tendresses.
Quand du grand Théodose on aura pris le rang,
Il y faudra placer les restes de son sang :
Il voudra, ce rival, qui que l'on puisse élire,
S'assurer par l'hymen de vos droits à l'empire.
S'il a pu faire ailleurs quelque offre de sa foi,
C'est qu'il a cru ce cœur trop prévenu pour moi ;
Mais se voyant au trône et moi dans la poussière,
Il se promettra tout de votre humeur altière ;
Et s'il met à vos pieds ce charme de vos yeux,
Il deviendra l'objet que vous verrez le mieux.

'PULCHÉRIE' — Vous pourriez un peu loin pousser ma patience,
Seigneur : j'ai l'âme fière, et tant de prévoyance
Demande à la souffrir encor plus de bonté
Que vous ne m'avez vu jusqu'ici de fierté.
Je ne condamne point ce que l'amour inspire ;
Mais enfin on peut craindre, et ne le point tant dire.
Je n'en tiendrai pas moins tout ce que j'ai promis.
Vous avez mes souhaits, vous aurez mes amis ;
De ceux de Martian vous aurez le suffrage :
Il a, tout vieux qu'il est, plus de vertus que d'âge ;
Et s'il briguait pour lui, ses glorieux travaux
Donneraient fort à craindre à vos plus grands rivaux.

'LÉON' — Notre empire, il est vrai,