Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/19

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d'amour.

'ASPAR' — Oui, madame ; et j'avoue
Qu'avec quelque raison la princesse s'en loue :
Mais j'aurais souhaité qu'en cette occasion
L'amour concertât mieux avec l'ambition,
Et que son amitié, s'en laissant moins séduire,
Ne nous exposât point à nous entre-détruire,
Vous voyez qu'avec lui j'ai voulu m'accorder.
M'aimeriez-vous encor si j'osais lui céder,
Moi qui dois d'autant plus mes soins à ma fortune,
Que l'amour entre nous la doit rendre commune ?

'IRÈNE' — Seigneur, lorsque le mien vous a donné mon cœur,
Je n'ai point prétendu la main d'un empereur :
Vous pouviez être heureux sans m'apporter ce titre ;
Mais du sort de Léon Pulchérie est l'arbitre,
Et l'orgueil de son sang avec quelque raison
Ne peut souffrir d'époux à moins de ce grand nom.
Avant que ce cher frère épouse la princesse,
Il faut que le pouvoir s'unisse à la tendresse,
Et que le plus haut rang mette en leur plus beau jour
La grandeur du mérite et l'excès de l'amour.