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SUR LES COMEDIES xcmi

l'extérieur seulement est changé. Ici, nous sommes introduits dans uue prisou, mais dans une prison ouverte aux visiteurs bénévoles; là, s'ouvreut pour nous les profondeurs d'une forêt, mais d'une forêt d'opéra comique, où tous les personnages se rencontrent par hasard, où se trament les plus noirs attentat-, tandis qu'an loinreteutit le son du cor et qu'une chasse briUanti; suit Cloridan, le ûls du roi d'Éco?se. Nous sommes donc eu Ecosse? Il faut le croire, puisque Corneille nous le dit, mais ne nous y fions pas. A vrai dire, nous ne sommes nulle part. Est-il roi d'Ecosse plus que d'un autre pays, cet Alcandre qui sait par cœur ses devoirs royaux, les récite à l'occasion, mais ne s'en souvient pas toujours, prompt à condamner son fidèle Clitandre, sur un simple soupçon, prompt à lui rendre sa faveur, juste au moment de le faire périr, et à imposer, comme compensation, à cet innocent la main de la coupable Dorise? Est-il héritier de la couronne d'Ecosse, ce Cloridan, qui cherche dans la chasse une disiraction à l'ennui de ne pas réguer et se promet d'user large- ment un jour du pouvoir? Nous ne savons, mais nous compre- nons que la présence d'Alcandre motive l'emprisonnement de Clitandre, qui sert lui-même à compliquer l'action. Quant à Clo- ridan, c'est le deus ex machina de la tragi-comédie : un orage providentiel a foudroyé son cheval sans même l'effleurer; grâce à cet heureux hasard, Dorise est sauvée, le traître Pymante con- fondu, Clitandre délivré, Rosidor et Galiste unis.

Au reste, le hasard est le grand allié du poète tragi-comique : c'est par hasard que le vaillant Rosidor, attaqué par des assassins masqués, trouve sous sa main une épée cachée là pour un autre dessein, et de cette lutte inégale sort vainqueur, blessé, il est vrai, mais pas assez pour en mourir, assez pour en devenir plus intéressant. C'est par hasard que Dorise échappe à Pymante et transforme en arme meurtrière une aiguille» laissée par mégarde dans ses cheveux». Aucun développement logique des caractères, aucune situation qui en sorte naturellement; Clitandre est un roman d'aventures, dont les personnages parient le langage du mélodrame : la tendre Caliste apostrophe le soleil ; Rosidor, rala» queur des brigands, s'écrie :

��TOUS, qui me restez d'une troupe ennemio Pour marques de ma gloire et de son infamia Blessures, hâtez-vous d'élargir vos canaux,

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