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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/114

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<: ÉTUDE

pour accorder la main de sa fille et assurer qu'il ne violera pas sa promesse, le père de Daphnis s'écrie :

Me foudroie en ce cas la colère des cieux' 1

��Mais c'est surtout dans les monologues qu'ils grossissent volontiers la voix et que la comédie cesse d'être comique. En peut-il être autrement? Le monologue, cette forme animée de l'analyse psychologique, qui admet, qui exige tous les mouve- ments passionnés, est tragique, disons plus, est lyrique par son essence même. Corneille en fait un emploi vraiment abusif, même dans les cinq comédies proprement dites, qui n'en con- tieuneut pas moins de cinquante; les deux dernières, la Suivante et la Place Royale, en comptent chacune une douzaine : mono- logues furieux d'Amarante, monologues larmoyants d'Angélique, « en malheurs sans seconde ». Les retours amers sur soi-même, les apostrophes au ciel et aux astres, les imprécations y foi- sonnent. En ces effusious, tantôt l'alexandrin prend une ampleur inattendue, tantôt il cède la place à des stances qui annoncent d'assez loin celles du Cid et de Polyeucte. Ainsi, dans la Galerie du Palais, Célidée exprimera les cruelles hésitations de sou âme eu deux monologues, différents de forme plus que de ton :

��Quel étrange combat! Je meurs de le quitter, Et mon reste d'amour ne le peut maltraiter... Je vois mieux ce qu'il vaut lorsque je l'abandonafl, Et déjà la grandeur de ma perte m'étonne^...

Quand je m'en veux défaire, il est parfait amant ; Quand je veux le garder, il n'en fait plus de compte; Et, n'ayant pu le perdre avec contentement, Je le perds avec honte.

Ce que j'eus lors de joie augmente mon regret; Par là mon désespoir davantage se pique ; Quand je le crus constant, mon plaisir fut secret. Et ma honte est publique*.

��1. La Suica7\te, V, 6.

2. La Place Royale, IV, 8.

3. La Galerie du Palais, II, 7. 4 lOid.. 111. iû.

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