CVi ÉTUDE
Mon përe peut beaucoup, mais bien moiits qae ma foi : Il a choisi pour lui, je veux choisir pour moi '.
Le pauvre Gérnote, un père noble de l'ancienne comédie, s'ar- rête, effaré, devant cette rébellion inattendue. H n'en peut croire ses oreilles, lorsque, simplement, sans déclamer, le sourire aux lèvres, sa fille lui définit ce 'c je ne sais quoi que le Ciel nous inspire », cette « Providence », dont l'ordre souverain fait éclore les sympathies involontaires, et d'avance assortit les âmes 2. Où donc a-t-elle pu apprendre « cette philosophie »? Dans son impa- tience, incapable de convaincre une fille qui en sait tant, il pré- tend la contraindre ; il essaye d'imposer son autorité en quelques paroles maladroitement brutales :
��Je sais ce qu'il vous faut beaucoup mieuï que voiis-même... Ap"è3 tout, je le veux; cédez à ma puissance... Ne me répliquez plus quand j'ai dit : Je le veux*.
��A quoi bon répliquer? Isabelle se tait, mais garde intacte sa résolution, et l'accomplit. Clindor est-il en danger, elle ira le chercher dans sa prison, elle le suivra dans sa fuite, elle parta- gera son existence aventureuse, et, s'il se fait comédien, elle se fera comédienne.
Telle est la part de la comédie dans l'Illusion; encore celte comédie n'est-elle presque jamais sans mélange : la jalousie de la suivante Lyse, la passion croissante d'Isabelle, la basse ven- geance et la mort d'AdrasIe, l'emprisonnement de Clindor, ont quelqu' chose, sinon de la tragédie, du moins de la tragi- comé lie. Mais la part de la tragi-comédie véritable est presque tout entière dans le rôle de Matamore. Il y a aussi un .Matamore dans ['Amélie de Rotrou, qui est de la même année quel' Illusion : mais chez Rotrou, qui, loogtemps encore, resta fidèle à la tragi- comédie, ces caricatures étonnent moins. Il semble, au contraire, que la voix de Matamore sonne faux à côté de la voix déjà si juste de GUndor, son valet, et de la moqueuse Isabelle, qui se
��1. L' Illusion comique, II, 6.
2. Ibid., III, 1.
3. Ibid., III, 1.
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