Aller au contenu

Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR LES COMÉDIES .«vii

joint à Clindor pour le duper. Ces personnages de capitàns, que le théâtre latin navait pas ignorés, ces tueurs de Mores {Mata- Moros} que les Espagnols s'étaient plu à décrire de pied en cap, faisaient beaucoup rire nos pères, et nous arrachent à peine un sourire un peu surpris. La parodie est trop énorme. Il y a pour- tant plus d'un trait franchement comique dans le portrait du matamore de VlUusion, tour à tour glorieux et poltron, selon qu'on lui cède ou qu'on lui résiste; mais tous ces traits sont chargés à plaisir. Deux exemples sufSront à montrer à quel point l'hyperbole est parfois démesurée, sans cesser d'être amu- sante ; le premier est emprunté à la scène ii de l'acte II ; Matamore y dialogue avec son valet, sur ce ton déjà tout tragique :

Le seul bruit de mon nom fait tomber les murailles Défait les escadroas, et gagne les batailles. Mon courage invaincu contre les empereurs N'arme que la moitié de ses moindres fureurs'.

On a remarqué que Boileau a ep neu de chose à chanei^r aux deux premirn-s vers pour gloriKer la vaillance de Condé dans YEpitre IV, et que, dans le troisième, ce terme énergique d'invaincu, qui devait trouver un si noble emploi dans le Cid et dans Horace, est pour la première fois employé par Corneille. N'est-ce rien que de faire songera de telles œuvres? La comédi.:, pourtant, il faut l'avouer, est bien loin ; la voici qui reparaît! Matamore nous en a obligeamment prévenus :

Quand je veux, j'épouvante, et quand je veux, je cliarrae^.

Après les exploits de guerre, voici donc les aventures d'amour- mais l'étalage de la vanité n'est pas moins puéril que celui de là vaillance ;

��Le Soleil fut un jour sans se pouvoir lever, Kt re visible dieu, que tant de monde adore, Pour marcher devant lui ne trouvait point d'Aurore; On !•( cherchait partout, au lit du vieux Tillion, bans les bois de Cé{>hale, au palais de Memnoa ;

1. L' Illusion comique, II, S.

2. Ibid.. n, 2.

�� �